Le codéveloppement professionnel (ou « codev ») a une place de choix dans les organisations apprenantes. Il s’agit d’une relation d’aide mutuelle formalisée par un groupe de travail récurrent où le cumul d’expériences et l’intelligence collective permettent de résoudre tour à tour les problématiques de ses membres.

Concrètement, un animateur/formateur facilite la résolution commune de problèmes individuels en posant parmi un petit groupe de pairs les conditions d’un échange constructif sur les savoirs pratiques. Les apprenants ne sont plus déresponsabilisés (placés en face d’un sachant qui doit leur prodiguer des connaissances), mais intégrés au processus pédagogique par le jeu de la confrontation.

Le codéveloppement présente également l’avantage de constituer une dynamique de réseau et de relier ainsi entre eux des professionnels quelquefois isolés (par exemple des managers d’unités disséminés sur le territoire). Il contribue à l’amélioration des pratiques et au développement des compétences.

Codéveloppement versus pairagogie

A contrario de la pairagogie, le recrutement du groupe ne saurait varier d’une séance à l’autre ni le contenu des échanges être diffusé au plus grand nombre. La notion de confidentialité est ici à la base de la relation de confiance et doit être garantie.

Une autre différence réside dans le positionnement des membres du groupe. Dans le cas de la pairagogie, une égalité stricte est le premier prérequis. Dans le cas du codéveloppement, les membres du groupe jouent tour à tour le rôle de client (lorsqu’ils exposent leur propre problématique aux autres membres du groupe) ou de consultant (lorsqu’ils travaillent collégialement sur la problématique exposée par un autre membre).

Enfin, le codéveloppement convient davantage à des groupes plus petits (5 à 8 membres).

Peut-on mettre en place le codéveloppement professionnel en formation ?

Le format d’une session de formation en présentiel s’avère a priori adapté à l’utilisation du codéveloppement professionnel (nombre restreint de participants, définition d’un champ professionnel, similitude des profils au regard de la problématique concernée). L’échange inter patres ayant pour finalité l’amélioration des pratiques et le développement des compétences individuelles, le cercle d’entraide du codev s’inscrit de plus parfaitement dans la démarche pédagogique d’une formation. Il favorise en outre l’implication des stagiaires par la valorisation de leur expérience.

Jusque-là, c’est un sans faute.

Pourtant, le codéveloppement n’est pas reconnu en France comme une formation. Cela signifie que l’on ne peut pas créer une session 100% codev. On peut néanmoins l’employer comme un outil pédagogique pour les raisons alléguées plus haut (en remplacement d’un jeu de rôle, par exemple, ou d’une mise en situation).

La double difficulté pour le formateur désireux d’utiliser le codéveloppement au cours d’une session réside en fait dans la nécessité de garantir à chaque participant la possibilité de faire travailler à son tour le groupe sur sa propre problématique et le guider au préalable individuellement dans l’analyse du sujet choisi.

Cette double difficulté peut se traduire ainsi : comment trouver le temps de faire « passer » chaque participant et comment organiser les moments en tête-à-tête qui doivent logiquement précéder les différents rounds de codéveloppement ?

Pour la question du temps, tout va dépendre de la durée prévue de la session, en sachant que le codéveloppement n’est qu’un atelier parmi d’autres.

Pour les tête-à-tête, il semble indispensable de les planifier en amont de la formation, ne serait-ce que pour s’assurer que les problématiques choisies permettront bien de répondre aux objectifs de la formation.

En tout état de cause, le formateur devra assurer pour chaque round du codev un exposé clair du problème et/ou projet, orchestrer les interactions du groupe, réaliser une synthèse incluant un plan d’action et enfin valider l’intégration des apprentissages par chacun des participants.  

Dans les phases d’exposition et d’échange, il aura davantage un rôle d’animateur-facilitateur, et l’humilité sera de mise.

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