Selon notre âge, notre niveau d’étude, notre origine, nos capacités, notre vécu personnel, etc., nous n’avons évidemment pas les mêmes défis à relever et c’est pourquoi nos besoins pédagogiques diffèrent. 

Dans un groupe d’apprenants, et même dans le cas de salariés occupant des postes identiques au sein d’une même entreprise, des différences appréciables existent ainsi de l’un à l’autre, que la formation classique ne prend pas nécessairement en compte. 

Proposer un contenu identique à tous, en dépit de ces différences, revient à délaisser et/ou marginaliser les apprenants les plus éloignés de la « norme » à laquelle s’adresse le contenu de la formation. Ceux-ci se sentent conséquemment dépréciés et voient compromis leur accès aux compétences.   

A l’inverse, la pédagogie inclusive s’avère plus équitable. En accordant une attention particulière à toutes les formes de diversités au sein du groupe d’apprenants, elle renforce l’accès à la réussite et l’égalité des chances. 

Principes et fonctionnement

Pratiquer la pédagogie inclusive revient à reconnaître la dignité universelle, à savoir que chaque apprenant, en tant qu’être humain, a une valeur intrinsèque. Plus qu’une approche pédagogique, c’est d’abord une philosophie promouvant la diversité. Ainsi, et contrairement à ce que l’on pourrait croire, une formation inclusive ne cherche pas à créer un groupe hétérogène en sélectionnant volontairement des individualités disparates. Elle part du principe qu’un groupe est hétérogène par nature. 

La pédagogie inclusive propose un changement de perspective. Au lieu d’être considéré comme un écart à la norme, la différence y est valorisée en tant qu’elle permet précisément une contribution unique. L’idée est en effet la suivante : que l’originalité ne naît pas de la standardisation. L’uniformisation appauvrit les échanges. La variété, au contraire, constitue un potentiel. 

Prenons l’exemple de l’âge. Le cas d’un senior isolé dans un groupe d’apprenants plus jeunes ou d’un jeune intégré à un groupe plus âgé. Dans le cadre d’une formation inclusive, le senior pourra témoigner de son expérience et en faire bénéficier le reste du groupe. L’apprenant plus jeune pourra quant à lui amener la remise en question de pratiques anciennes que ses aînés ne se seraient pas soucié d’interroger. 

Pour amener ce partage efficace et mutuellement valorisant, le formateur inclusif doit naturellement posséder les compétences d’empathie et de bienveillance. De fait, il n’y a qu’à ce prix qu’il peut anticiper, en fonction des profils, les points de tension/de blocage, et créer un climat propice à la confiance et à l’interaction. 

Les obstacles à l’apprentissage (manque de confiance en soi ou de reconnaissance, problèmes de concentration, dyslexie, situation personnelle complexe, etc.) doivent être envisagés par le formateur comme des challenges. Ce dernier doit être capable d’adapter son contenu à chaque stagiaire. L’occasion pour lui de laisser libre cours à sa créativité. Et cela ne génère pas forcément un surcroît de travail, car la différenciation pédagogique initiale réduit par la suite les accommodements individuels. 

Conception Universelle de l’Apprentissage (CUA)

La Conception Universelle de l’Apprentissage constitue une ressource précieuse pour le formateur inclusif. Son but ? Créer des canevas éducatifs qui fonctionnent pour tous les individus. Non pas en retombant dans les dérives d’une formation nivelante, mais en proposant d’emblée une approche flexible aisément ajustable aux besoins de tel ou tel individu. 

Par exemple, utiliser par défaut une police accessible aux dyslexiques est un moyen facile et rapide d’inclure les apprenants victimes de ce handicap

Elle part du principe que certains apprenants peuvent avoir honte de la manière dont ils apprennent (difficulté de lecture, besoin de schémas dessinés, etc.) et elle met tout en œuvre pour désamorcer par avance les situations bloquantes. La CUA a ainsi pour vocation de permettre à chaque apprenant de se sentir en sécurité et soutenu dans une société où les particularités sont quelquefois source de discrimination. Elle est essentiellement facilitatrice. 

Ses trois lignes directrices sont les suivantes :

-       offrir plusieurs moyens de représentation (une information ne peut être par exemple exclusivement visuelle ou auditive), 

-       offrir plusieurs moyens d’action et d’expression en utilisant différents supports de communication parmi lesquels chaque apprenant est libre de faire son choix (s’exprimer à voix haute, écrire sur un post-it, etc.),

-       offrir plusieurs moyens d’engagement (collaboration, travail en autonomie, etc.).

On l’aura compris : la pédagogie inclusive passe par une différenciation. Une attention personnalisée portée à chaque apprenant pour optimiser l’impact pédagogique de la formation. Cette méthode – on pourrait parler également de modèle- augmente la motivation des apprenants et réduit la sensation de stress éprouvée dans les formations non adaptées.  

De son côté, le formateur est assuré de répondre de façon plus efficace aux besoins variés des apprenants parce qu’il offre à chacun d’eux la possibilité de s’emparer des outils qui leur conviennent le mieux. 

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