Contrairement à ce qui se passe dans la formation initiale où l’évaluation est toujours unilatérale, la formation continue offre la possibilité au stagiaire d’évaluer en retour son formateur. Le formateur se trouve ainsi dans la situation d’un hébergeur ou d’un restaurateur qui doit veiller à ce que ses utilisateurs lui laissent de bonnes évaluations pour pouvoir poursuivre normalement son activité.

La question à débattre est aujourd'hui la suivante: ce type de formation est-il réellement pertinent hors du cadre des apprentissages techniques ou bien son succès procède-t-il entièrement de l'économie qu'il représente, tant pour l'OF que pour le client?

Une formation en demi teinte?

Les formations sur étagère s'opposent par définition aux formations sur-mesure et, pour cette raison, sont en décalage structurel avec les nouvelles tendances d'individualisation des parcours. Ce défaut est perceptible dès la souscription car le stagiaire ne dispose que d'une vidéo de présentation pour évaluer le bénéfice qu'il pourrait retirer de la session proposée, en fonction de ses propres attentes et de son niveau de personnel.

Ensuite, bien qu'il soit possible de mettre à jour les contenus d'e-learning sur l'étagère, le risque est grand, notamment sur des questions réglementaires, de suivre une formation obsolète et le stagiaire devra être particulièrement vigilant à la date de la dernière actualisation avant de sortir son bloc-notes.

Enfin, le principe de la formation sur étagère étant précisément d’offrir des contenus autosuffisants, les échanges avec le formateur y sont naturellement limités. Cela peut poser problème si l’apprenant souhaite poser des questions, revenir sur une notion ou demander des éclaircissements. De son côté, le formateur pâtit également de la pénurie d’interactions puisqu’il ne peut évaluer ses stagiaires que sur leur assiduité (temps et/ou fréquence de connexions) et sur les résultats des exercices numériques sans pouvoir intégrer dans son analyse des résultats plus qualitatifs (participation, motivation, pertinence, mise en pratique, etc.).

Comment utiliser ce type de contenu à bon escient ?

Si l’on y réfléchit, l’e-learning sur étagère n’a de défauts qu’autant qu’on en fait un usage exclusif. En effet, l’e-learning sur-mesure ne part jamais de la page blanche mais adapte d’une certaine façon un contenu sur étagère à un client et une situation donnée. Ainsi dans le cadre d’un module théorique présentant une notion, la différence entre e-learning sur mesure et e-learning sur étagère peut parfois se limiter au prix de vente…

Comme souvent, la bonne voie semble être celle du juste milieu. Pour réunir les avantages des deux types d’e-learning (le faible coût et la personnalisation), il conviendrait, selon cette logique, de les alterner en fonction des modules, en considérant à chaque fois l’objectif pédagogique et le meilleur moyen de l’atteindre.

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