Etat des lieux

En France, les personnes en situation de handicap ne représentent que 1,3% des 305 000 entrées effectuées chaque année en apprentissage alors que, dans le même temps, l’INSEE considère que 24% de la population active souffre d’un ou plusieurs handicaps. Ce décalage énorme témoigne des difficultés pour les personnes handicapées à accéder actuellement à l’apprentissage et plus généralement à la formation professionnelle.

Ces difficultés sont au nombre de 3 :

  • inadaptation des structures traditionnelles à l’information et à l’accompagnement des personnes handicapées dans leur orientation professionnelle (en dépit des moyens déployés par l’Agefiph),
  • inadaptation des locaux, cursus, matériel, etc.,
  • inadaptation des formateurs aux besoins spécifiques du public handicapé.

La solution est d’autant plus urgente à trouver que seuls 35% des personnes en situation de handicap exercent actuellement un emploi. Si beaucoup pointent (à juste titre) le non-respect des entreprises vis-à-vis de leur obligation d’embauche, il est important de rappeler que les handicapés sont également freinés dans leur accès aux compétences.

Nouvelles orientations

« Faciliter et favoriser l’accès à l’apprentissage des jeunes en situation de handicap est une nécessité. L’accès aux compétences puis à l’emploi des jeunes handicapés est notre volonté. Alors même qu’une entreprise sur deux a des difficultés pour recruter, les personnes en situation de handicap sont une source de valeur pour notre pays. Il faut changer de regard et d’échelle » (Muriel Pénicaud, ministre du Travail).

Compte tenu de la multiplicité et de la grande disparité des handicaps (déficiences motrices, auditives, visuelles ou intellectuelles), compte tenu également de la proportion considérable de plurihandicapés (58% des personnes en situation de handicap dans la population active française, dont 8% souffrant de 5 handicaps ou plus), la solution passe logiquement par une individualisation de l’accompagnement afin qu’il soit trouvé à chaque cas particulier une réponse adaptée et pertinente.

Réforme des CFA

C’est afin de garantir une réponse personnalisée que chacun des 965 centres de formation des apprentis en France a l’obligation depuis le 1er janvier 2019 de nommer un référent handicap. Le rôle du référent est de permettre individuellement aux jeunes en situation de handicap de réussir leur apprentissage et d’accéder ensuite à un emploi dans les meilleures conditions. Ce référent handicap a en outre pour mission de mettre les équipes en capacité d’accueillir et former un public aux besoins spécifiques, avec pour objectif à court terme la mise en accessibilité universelle des CFA.

La loi pour la liberté de choisir son avenir professionnel prévoit en outre une majoration du niveau de prise en charge des contrats d’apprentissage avec un outil de calcul visant à évaluer le coût des actions nécessaires à la mise en place des parcours de formation et un budget annuel dédié de 20 millions d’euros.

Réflexion sur la formation continue

Si les CFA sont logiquement au cœur de la réforme lorsque 27% seulement des personnes en situation de handicap obtiennent le baccalauréat, la problématique de l’accès aux compétences ne se limite pas à la formation initiale. L’accès à la formation continue est également un enjeu important pour garantir l’égalité des chances prônée par la République. Les nouveaux conseillers Cap emploi sont les acteurs clés de cet accès. Ils aident les personnes handicapées à définir leur projet de formation, à trouver les financements adéquats ainsi qu’à obtenir les éventuels aménagements techniques ou organisationnels requis.

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