L’émergence de robots d’IA générative tels que Chat GPT ou Dall-E interroge naturellement l’avenir des créateurs de contenus. Ainsi, sans tomber dans une dystopie simpliste, on peut raisonnablement se demander si les journalistes, les illustrateurs et même les formateurs seront encore pertinents dans les années à venir. Et pourtant : 94% des formateurs interrogés par le cabinet Julhiet Sterwen en mars 2023 pensent que l’IA aura un impact positif sur la formation !

Doit-on y voir un paradoxe ou bien formateurs et IA sont-ils réellement susceptibles de cohabiter pacifiquement ?

Des capacités effrayantes ?

Le machine learning permet aux robots de type chat GPT d’apprendre par eux-mêmes en puisant aux ressources phénoménales du web selon des critères de probabilité. Concrètement, le robot, qui peut analyser des gigaoctets d’informations en quelques secondes, sélectionne à chaque étape le « token » (mot, image, etc.) statistiquement le plus en lien avec les données qui précèdent.

Il peut de la même manière s’adapter à votre style d’écriture quels que soient le thème ou le niveau de complexité, en analysant votre champ lexical et les tournures qui vous sont le plus habituelles !

Rassurez-vous, pourtant, même si Buffon prétendait que « le style est tout l’homme », imiter votre manière d’écrire n’est pas suffisant pour copier votre manière d’être et la machine ne saurait mimer votre sensibilité toute humaine ni les capacités de souplesse et d’adaptation qui en découlent ; cette « cognition incarnée » que pointe la recherche en pédagogie.

Un robot ne possède pas non plus la connaissance que vous avez de votre public. Qui plus est, l’IA est incapable de créer, en ce sens qu’elle génère toujours le nouveau à partir de l’ancien. Et, même si elle effectue un recyclage ingénieux, l’opération revient inévitablement à donner une seconde vie à des idées qui existent déjà. L’ingénierie, pas plus que l’animation, ne saurait donc être déléguée à un robot.

Le « formateur augmenté » ?

Même si vous ne pouvez vous reposer sur elle pour trouver une idée originale, rien n’empêche de vous appuyer sur l’IA générative pour développer rapidement les vôtres et gagner ainsi un temps et une énergie considérables dans les phases de rédaction et de mise en forme. Conséquence directe pour vous ? Une réduction des coûts.

Bien promptée, l’IA constitue d’ailleurs un support technique précieux capable de traduire des articles écrits dans des langues que vous ne possédez pas, de vous rendre facilement accessibles les notions les plus complexes et même de souligner les erreurs et/ou fragilités de votre déroulé. Elle peut également vous aider à la personnalisation de vos parcours (adaptative learning), notamment dans le niveau des exercices proposés, en accroissant largement votre bibliothèque de contenus. Un bon moyen d’améliorer les résultats de vos apprenants.

Dans le cas d’une formation en e-learning, l’IA générative est également d’une aide précieuse dans l’analyse des points de friction ou de désintérêt. Couplée à des algorithmes qui réagissent suivant un scénario donné, elle devient alors un outil efficace contre le décrochage permettant d’une fois sur l’autre d’atteindre un meilleur taux d’achèvement.   

L’IA est-elle donc inoffensive ?

En fait, le principal danger de l’IA dans le domaine de la formation n’est pas de mettre les formateurs professionnels au rebut, mais plutôt de faciliter l’imposture d’un formateur auto-proclamé dont elle pourrait masquer un moment l’incompétence. Pourtant, pas de risque majeur non plus de ce côté-là puisque, la machine ne pouvant suppléer le formateur dans toutes ses fonctions, l’IA générative seule ne saurait suffire à tromper longtemps un client.   

Quant au reste, c’est plutôt la posture traditionnelle du formateur que son utilité qui se trouve remise en cause par l’émergence des nouvelles technologies. L’IA, par le biais de l’adaptative learning, propose ainsi des progressions pédagogiques basées sur les résultats et non sur les motivations des apprenants. Le formateur, pour continuer de remplir sa mission, doit donc adopter une posture nouvelle d’écoute dans un schéma où son rôle est davantage de guide que de sachant ou d’animateur.

Rien de bien problématique non plus de ce côté-là.

Plus épineuse est en revanche la question du coût environnemental prohibitif de l’Intelligence artificielle, notamment en eau. Même si cette question dépasse le cadre du rapport entre l’IA et la formation professionnelle, elle ne saurait être passée entièrement sous silence dans le contexte actuel de réchauffement climatique...

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