L’employeur a pour obligation légale de veiller à l’adaptation de ses salariés à leurs postes de travail ainsi que de veiller à leur maintien dans l’emploi. Cela implique à la fois de lister clairement les compétences requises pour chaque poste, de garantir l’acquisition desdites compétences mais aussi d’anticiper sur les évolutions du métier (notamment les évolutions technologiques) pour sécuriser l’employabilité des salariés.

Le rôle de la branche d’activité dans la mise en place de la certification professionnelle

Concrètement, on imagine mal une TPE pouvoir réaliser seule le type de diagnostic et d’accompagnement décrit plus haut.

Ça tombe bien : ce travail ne doit pas être effectué à l’échelle de l’entreprise, mais à l’échelle de la branche d’activité à laquelle l’entreprise se rattache. C’est en effet à cet échelon supérieur qu’il revient de réfléchir aux contours et aux besoins spécifiques de chacun de ses métiers à travers les Commissions Paritaires Nationales de l’Emploi (CPNE).

Première étape : lister les métiers de la branche. Par exemple pour l'activité déchets : équipier de collecte, agent de centre de tri, agent de traitement de centre des déchets, etc. 

Deuxième étape : créer un référentiel de compétences pour le métier concerné et adresser une demande d’inscription au RNCP (nécessaire pour ouvrir droit à une prise en charge et une reconnaissance nationale du certificat). Exemple, pour l’agent des services de gestion et valorisation des déchets : savoir collecter les déchets ménagers et/ou issus du tri sélectif, réaliser le nettoiement manuel et/ou mécanisé de la voirie et de l’espace public urbain, etc. 

Ces compétences une fois définies, elles constituent un bloc transmissible et évaluable autour duquel un OF est apte à décliner une formation. Elles sont prises en compte par tous les professionnels de la branche et permettent ensuite le positionnement des titulaires sur la grille de classification des emplois. 

Troisième étape : anticiper les évolutions à moyen terme pour le métier concerné. Exemple : l’emploi d’un nouvel appareil de nettoiement nécessitant de la part de l’agent des connaissances techniques particulières. Ou bien carrément, la transition vers de nouvelles tâches suite à l’obsolescence des missions traditionnelles de tel ou tel métier (robotisation par exemple). 

Les différentes formes prises par la certification professionnelle

Ce processus en trois étapes débouche sur les certifications professionnelles de branche. 

Ces certifications, en même temps qu’elles favorisent l’insertion professionnelle, permettent de pallier une absence de qualification dans certains secteurs. Du reste, ces certifications professionnelles ne visent pas uniquement les salariés peu ou pas qualifiés, mais elles se classent suivant 8 niveaux, des savoirs de base (niveau 1) à un équivalent doctorat (niveau 8).  

Contrairement aux diplômes et Certificats de compétences professionnels délivrés respectivement par l’Etat et le ministère du Travail, elles sont, ainsi qu’on a vu, conçues directement par les entreprises d’une même branche comme une réponse opérationnelle à leurs besoins communs. 

Elles peuvent prendre deux formes : Certificat de Qualification Professionnelle (CQP), soit de branche ou d’interbranche, et Titre à Finalité Professionnelle (TFP). 

Le CQP peut être préparé dans le cadre d’un contrat de professionnalisation, du plan de formation de l’entreprise, du CPF ou d’une VAE (Validation des Acquis de l’Expérience). Il en existe aujourd’hui en France plus de 1250 répartis sur 152 branches professionnelles.

De même que le CPF n’est pas un « diplôme », le TFP n’est pas un « titre professionnel » (délivré uniquement par le ministère du Travail). Il découle d’un programme de formation adapté au profil de chaque candidat. Un tuteur accompagne le candidat tout au long d’un parcours ponctué d’évaluations régulières. Chaque bloc de compétences mêle savoirs, savoir-faire et aptitudes. A la différence des CQP qui ne sont accessibles en alternance que par un contrat de professionnalisation, les TFP sont accessibles aussi bien par la voie d’un contrat de professionnalisation que par un contrat d’apprentissage.

Avantages respectifs pour la branche, l’entreprise et le salarié

Pour la branche, la certification professionnelle répond au fur et à mesure du temps à ses besoins RH en la dotant d’une main d’œuvre qualifiée. Elle favorise par la même occasion la montée en compétences des collaborateurs et leur mobilité interne. Enfin, elle s’assure de l’uniformisation et la conformité des pratiques professionnelles au sein de l’activité. 

Pour l’entreprise, s’ajoutent à ces mêmes avantages une plus grande motivation et une plus grande fidélisation des salariés en poste. La possibilité également de bénéficier des financements prioritaires de la branche. Enfin, l’opportunité de se distinguer des concurrents et de se positionner sur certains marchés spécifiques qui nécessitent des compétences certifiées.

Pour le salarié (y compris apprenti, alternant ou demandeur d’emploi), la certification professionnelle offre la capacité de construire un projet professionnel par le développement des compétences et la prise de conscience des finalités du métier. Elle permet aussi la sécurisation du parcours professionnel, notamment à travers l’adaptation aux évolutions du poste.

La certification professionnelle s’avère donc profitable à tous les niveaux et pour l’ensemble des acteurs. 

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