Définition et applications

Les « neurosciences cognitives » trouvent leur origine dans la Révolution cognitiviste des années 50. Elles marquent le point de convergence de plusieurs disciplines scientifiques (neuropsychologie, électrophysiologie, micro-informatique, etc.) visant à la compréhension des mécanismes de l’esprit humain. Après une longue maturation, elles se sont enfin constituées en discipline unifiée au cours des années 70.

Leur premier champ d’application a été la médecine, puis l’éducation des enfants et c’est seulement au cours de ces dernières années qu’elles ont commencé à pénétrer avec succès l’univers de la formation professionnelle. En révélant les ressorts de la mémoire, de la motivation et de l’intelligence cognitive, elles fournissent en effet aux enseignants et aux formateurs des outils de choix dans la transmission des savoirs et des pratiques. Leur approche systématique séduit de plus en plus d’entreprises et elles constituent aujourd’hui une des grandes tendances de la formation continue.

De la science à la pédagogie

Spécialiste des pédagogies s’appuyant sur les neurosciences, Bernadette Lecerf-Thomas (Activer les talents avec les neurosciences) distingue schématiquement quatre modèles d’apprentissage : le mimétisme, l’instruction reçue, l’apprentissage par essai/erreur et enfin la résistance aux routines cognitives. C’est surtout sur ce dernier point, qui consiste à inhiber nos mécanismes de pensée pour nous permettre d’accueillir une réflexion nouvelle, que l’apport des neurosciences cognitives est important.

Une bonne maîtrise de ce modèle d’apprentissage permet en effet au formateur de rendre acceptables au stagiaire les perturbations émotionnelles amenées par le changement, enjeu essentiel de toute formation professionnelle ; en un mot d’apprendre à désapprendre pour dominer sa peur, gagner en motivation et monter en compétence. 

Une refonte des pratiques

Grâce aux neurosciences cognitives, nous savons désormais que l’enseignement scolaire classique de type cour magistral, qui trouve son corollaire dans la formation PowerPoint, s’adresse seulement au lobe gauche du cerveau, ce qui est très réducteur. Au contraire, l’approche neuroscientifique, en sollicitant l’intelligence émotionnelle grâce à une stimulation précise et une grande variété de modes d’apprentissage, inclut également les « trois autres cerveaux » (lobe droit, cerveau médian et cervelet) permettant une mémorisation beaucoup plus large.

L’utilisation du « mind-mapping » ou « carte mentale » (approche visuelle de la réflexion et/ou de la prise de notes autour d’une idée centrale) constitue un exemple courant de cette application concrète des neurosciences à l’apprentissage. Elle permet de centrer la pédagogie sur l’apprenant en l’aidant à comprendre le fonctionnement de son cerveau défini par l’imagerie fonctionnelle cérébrale.

L’animation « neuroscientifique »

Ce que certains pionniers comme le ludopédagogue Thiagi ont pu mettre partiellement en œuvre dans leurs formations de manière empirique est aujourd’hui conforté et théorisé par l’analyse neuroscientifique :

  • L’attention des participants étant énergivore et donc limitée dans le temps, il convient d’alterner les phases, exercices, etc. toutes les 15 minutes,
  • L’émotion laissant une trace mnésique plus profonde, il convient de la susciter par le jeu, le storytelling, les visuels forts, etc. en touchant un maximum de sens,
  • Tous liens entre quelque chose de nouveau et quelque chose de connu permettant de densifier la trame de la mémoire, il convient de connaître son public pour pouvoir transposer les nouvelles notions dans un contexte qui lui soit familier,
  • Les connexions synaptiques se trouvant renforcer par la répétition, il convient de revenir régulièrement sur les mêmes notions,
  • Enfin, l’apprentissage supposant la confiance, il convient d’asseoir sa légitimité auprès des apprenants pour les ancrer dans une dynamique efficace.

Bien que cette liste ne soit pas exhaustive, elle illustre du moins la valeur ajoutée des neurosciences cognitives dans l’approche pédagogique concrète.

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