Tendances pour la rentrée 2020

Nous savons déjà que la rentrée de 2020 ne verra pas la même progression spectaculaire dans le nombre d’apprentis que la rentrée 2019 (+11%). Toutefois, l’avenir pourrait bien damer le pion aux pessimistes. « Tout se jouera entre septembre et décembre 2020 », déclare David Derré, directeur emploi formation de l’UIMM (Union des industries et métiers de la métallurgie). En effet, si les recrutements sont plus tardifs que les autres années dans la plupart des CFA, ils ont bel et bien commencé et notre nouvelle ministre du Travail, Elisabeth Borne, reste « convaincue que l’objectif de maintenir le nombre d’apprentis qui avait été atteint en 2019 est à notre portée ».

 La forte mobilisation de tous les acteurs de l’apprentissage et un plan de soutien d’1 milliard d’euros commencent d’ailleurs à porter leurs fruits, même si l’on constate pour l’heure des disparités territoriales et sectorielles importantes. Ainsi, si Iscod, le nouveau CFA 100% digital créé à la faveur de la réforme de 2018, enregistre de belles progressions sur ses formations dédiées au commerce et au marketing digital, les secteurs de l’aéronautique et de l’automobile, très impactés par la crise, privilégient aujourd’hui la préservation des emplois existants au détriment des nouveaux apprentis. 

Quel scénario pour l’avenir ?

Le contexte inédit de la crise actuelle rend les prédictions hasardeuses.

Le Ministère des Finances a annoncé la pire récession en France depuis la seconde guerre mondiale. Les inévitables licenciements économiques qui en découleront, et la réduction des recrutements en CDI, pourraient faire paradoxalement le jeu des alternants. C’est du moins ce qui s’était produit en 2008, lors de la dernière grande crise financière (2008).

Du point de vue des entreprises, les alternants cumulent en effet deux avantages en situation de crise. Premièrement, les apprentis constituent une main d’œuvre qualifiée ou en cours de qualification à un coût relativement bas. Deuxièmement, l’alternance permet de bénéficier du soutien économique de l’Etat en s’engageant sur une période relativement courte, déterminée par le temps de la formation. 

Dans le monde d’après, la réaction des grandes entreprises et des entreprises de taille intermédiaire sera l’élément déterminant. En effet, pour qu’il y ait apprentissage, il faut non seulement des apprentis, mais aussi des entreprises !

Certes, le Medef, qui réclamait au mois de mai à l’Etat une aide unique de 10 000€ par apprenti, a obtenu cet été une aide exceptionnelle de 5 000 à 8 000€ pour chaque contrat signé entre le 1er juillet 2020 et le 28 février 2021. Mais ce coup de pouce, qui ne concerne que les entreprises de moins de 250 salariés, suffira-t-il pour redynamiser l’alternance ? Affaire à suivre…

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