La formation, plus que jamais créatrice de lien social

Selon Philippe Meirieu, spécialiste des sciences de l’éducation et de la pédagogie, l’individu « ne progresse qu’à partir du moment où se crée en lui un conflit de centrations entre son point de vue et celui d’autrui ». En d’autres termes, il ne peut y avoir d’acquisition de compétences sans interaction. Pour cette raison, covid ou pas, la formation professionnelle est inséparable de la relation humaine et du travail d’équipe. A l’heure du télétravail et de la distanciation physique, elle constitue donc un bon moyen de rester connecté aux autres.

La question se pose pourtant de savoir comment construire un collectif avec les masques et le mètre de distance. Autrement dit, est-ce que des outils comme le warm-up et l’ice-breaker sont toujours d’actualité dans le monde d’après ?

Le warm-up et l’ice-breaker en temps de crise

On associe souvent les deux concepts de « warm-up » et « d’ice breaker » (voir notre premier article sur le sujet), quoiqu’ils ne soient pas synonymes. En l’occurrence, la crise sanitaire permet de pointer clairement du doigt les différences entre eux.

Le warm-up ou « échauffement pédagogique » vise à mettre en mouvement (au sens premier du mot) un groupe de stagiaires. Pour cette raison, il n’a de sens qu’en présentiel et, là encore, s’accommode mal des gestes barrières. Il n’est pas en effet très évident de mettre concrètement des participants en action tout en respectant les règles de distanciation physique…  

L’ice-breaker, au contraire, dont le but est de « briser la glace », s’adapte parfaitement aux nouvelles situations pédagogiques engendrées par la crise sanitaire. Son but étant littéralement de « briser la glace », il s’avère d’ailleurs d’autant plus nécessaire que le quotidien des stagiaires est plus anxiogène. L’ice breaker constitue en effet un lieu privilégié de décompression et de partage. Un lieu d’expression, aussi. En outre, il s’adapte facilement aux formations digitales.

Des idées d’ice-breaker adaptés à la situation sanitaire

Voici quelques exemples, également adaptés à la formation en présentiel ou à distance, à développer, modifier, transformer au gré de vos envies et de votre imagination :  

  • les « noms Covid ». Il s’agit d’un bon moyen de dédramatiser cette période difficile et stressante en composant chacun son tour un surnom pour le Covid par l’association de la dernière chose que l’on a mangée et de son état d’esprit du moment (« tartine épuisée », « café joyeux », etc.). Une bonne façon de vaincre l’angoisse par la dérision.
  • le « tag yourself ». Sur la base de photos amusantes, sélectionnées par le formateur, chaque participant, en début de session, tague (ou désigne par oral) l’image qui représente son état d’esprit (grognon, fatigué, enthousiaste, etc.) en expliquant son choix au reste du groupe.
  • le « coup de pouce ». Dans cet activité, les stagiaires expriment à tour de rôle quelque chose qu’ils aiment/n’aiment pas ou quelque chose qu’ils ont fait (« j’aime les chats », j’ai voyagé au Mexique », etc.). Les autres soulignent leur similitude ou leur différence avec ces affirmations en tendant leur pouce vers le haut ou vers le bas.
  • le « qui a fait quoi ». Cette activité consiste pour chaque stagiaire à indiquer anonymement (post-it, Trello, etc.) une anecdote amusante et/ou originale. Lorsque toutes les anecdotes ont été rassemblées, le groupe cherche collectivement qui en sont les auteurs respectifs. Il s’agit de présenter chaque participant d’une manière moins formelle et plus sympathique que le traditionnel tour de table et créer des affinités par les « révélations » et/ou le rire.

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