Les CFA sont des dispositifs visant à accompagner et soutenir les apprentis dans leurs démarches, leurs formations et leur accompagnement dans l’emploi. Ils ont connu une très grande vogue à la faveur de la crise Covid et des aides prolongées du gouvernement. Le nombre d’entrées en apprentissage est ainsi passé de moins de 400 000 en 2019 à plus de 800 000 en 2022 !

En l’occurrence, ce succès a un prix. Baisse du coût unitaire (c’est-à-dire de la somme allouée par bénéficiaire) de 3%, et augmentation des charges de 24% (puisque les apprentis sont de plus en plus nombreux en raison des actions d’envergure menées par l’État). Dans le même temps, le coût de revient par apprenti est passé, entre 2021 et 2022, de 7602€ à 7954€ en moyenne. Comme pour le CPF, France compétences, après avoir encouragé le développement exponentiel de l’apprentissage, semble vouloir se désengager devant l’ampleur du phénomène et l’importance des frais. 

D’importantes disparités

Si, avec cela, les CFA continuent à afficher un taux de marge moyen de 11%, cette statistique plutôt encourageante (quoiqu’inférieure de presque 3 points au taux de marge moyen de la formation continue) dissimule une réalité plus sombre, à savoir que quatre CFA sur dix ne sont pas rentables. Ces chiffres, qui viennent d’être publiés par France compétences, concernent d’ailleurs l’année 2022 et n’intègrent donc qu’à la marge les vastes coupes budgétaires opérées depuis le mois de septembre 2022 et accrues au printemps suivant.  

Les établissements qui dégagent des marges supérieures à la moyenne sont paradoxalement ceux qui accueillent un nombre moins élevé d’apprentis. Ainsi, la marge moyenne des établissements accueillant de 150 à 1000 apprentis est de 6 points plus élevée que celle des établissements de 1000 apprentis et plus. Cela semble provenir du fait que les plus petits établissements associent l’apprentissage à d’autres activités et, familièrement parlant, ne mettent pas tous leurs œufs dans le même panier (activité mixte). Il s’agit généralement de structures privées, qui tirent beaucoup mieux leur épingle du jeu que les structures publiques. 

Fragilisation des CFA déficitaires

France compétences, dans son rapport sur l’usage des fonds de la formation professionnelle, pointe le fait que les CFA qui présentent le meilleur taux d’insertion en fin d’apprentissage sont ceux qui engagent les frais pédagogiques les plus élevés. Les CFA en déficit, pour lesquels il est par définition le plus difficile d’investir, se trouvent donc indirectement montrés du doigt par ce nouveau rapport. 

Dès lors, la menace qui plane sur eux est double : auront-ils réussi à survivre à la réduction effective des prises en charge en 2023 (les chiffres de l’année dernière n’ont pas encore été exploités) et continueront-ils à être financés si France compétences n’est pas satisfaite de leurs résultats ?   

Parce que la disparition éventuelle de quatre CFA sur dix aurait un impact considérable sur l’apprentissage en France, il convient en tout état de cause de rester vigilants et attendre le prochain bilan pour se prononcer sur l’avenir des Centres de Formation d’Apprentis.   

 

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