Qu’entend-on par « formation verte » ?

Tout simplement une formation aux normes environnementales (en moyenne une formation sur six). Le cadre est ainsi beaucoup plus large que celui des seuls emplois verts (biodiversité, panneaux solaires, etc.) qui ne concernent à ce jour que 0,5% des actifs français.

Nées en 1991 avec la création de l’écolabel NF Environnement, les normes environnementales se sont considérablement multipliées en France au cours des 15 dernières années au point de nécessiter désormais des mises à niveau fréquentes et entraîner l’écologisation progressive de la formation.

Une enquête menée par le Céreq en 2019, représentative de 11 millions de salariés et 5 millions de session de formation, a publié récemment les statistiques de la formation verte ; occasion de faire ici un point sur le rôle joué par la formation continue dans la transition écologique.   

Qui est concerné ?

Quels salariés ?

Il est intéressant de noter que les normes écologiques impactant en premier lieu le secteur de la production, les bénéficiaires de ces formations vertes, outre les agents de maîtrise, sont en majorité des salariés peu qualifiés (les cadres et ingénieurs y sont en effet sous représentés).

Un tel constat est particulièrement intéressant puisque cette population d’actifs était jusqu’à présent tenu largement à l’écart de la formation professionnelle. Ainsi, l’Etat avait mis en place l’application CPF précisément pour leur permettre de gagner en compétences et élevé pour eux le montant du plafond de près de 40% (8000€ contre 5000€) afin de les ouvrir à la formation continue. La transition écologique pourrait donc aider à atteindre l’objectif fixé pour le CPF de lutter contre les inégalités sociales et les inégalités des chances. En effet, non seulement elle ouvre accès à la formation pour les travailleurs peu qualifiés, mais elle est également, en moyenne, plus diplômante (14% contre 8%) et vectrice de promotion (29% contre 17%) que la formation traditionnelle. Selon la même enquête, la formation verte apporterait à ses bénéficiaires un plus grand sentiment de responsabilité et une plus grande motivation au travail.

Quelles entreprises ?

Même si la loi Climat et Résilience (loi no 2021-1104 du 22 août 2021) implique toutes les entreprises de plus de 50 salariés, la formation verte reste à 45% initiée par les entreprises de plus de 1000 salariés.

Elle est particulièrement représentée dans les secteurs de l’industrie et du transport mais aussi dans le secteur de l’hébergement/restauration (dans les domaines de l’alimentation et de l’hygiène). Elle s’inscrit le plus souvent dans le cadre de la formation obligatoire, au même titre que la formation réglementaire.

L’enquête du Céreq montre également que les formations vertes sont déployées majoritairement par les entreprises les plus engagées dans le processus de formation continue, indépendamment du secteur d’activité. Cela tendrait à démontrer que l’intégration des normes environnementales a davantage à voir avec la démarche apprenante (recherche constante d’amélioration) qu’avec la stricte contrainte légale.    

En quoi consistent les compétences environnementales ?

Dans l’enquête du Céreq, 11% des actifs déclarent que la prise en compte des normes environnementales a amené des modifications concrètes dans leur travail, impliquant des modifications concrètes de leur pratique professionnelle et donc la nécessité de nouvelles compétences.

Ces compétences développées dans les formations vertes sont principalement de deux types : d’une part, les connaissances théoriques (maîtrise du cadre légal) et de l’autre les connaissances et/ou gestes techniques (nouvelles procédures, nouveaux matériaux, nouvelles technologies, etc.) liées à la législation écologique.  

Quel rôle pour les OF ?

Comme pour la transition numérique, la formation continue, en tant qu’outil privilégié du changement dans le monde professionnel, est naturellement au centre de la transition écologique des entreprises et c’est pourquoi le récent rapport de la Convention citoyenne sur le climat formule à son sujet de nombreuses propositions.

Parmi les idées émergeantes, on peut noter les points suivants :

  • Nouvelle obligation de formation d’un jour sur les gestes professionnels et citoyens qui renforcent la lutte contre le changement climatique,
  • Développement de la gestion Prévisionnelle des Emplois et des Compétences (GPEC) à l’échelle nationale sur les thématiques de la transition écologique,
  • Nouvelles conditions dans l’obtention du label RGE (Reconnu garant de l’environnement),
  • Formation à l’écoconduite tous les deux ans pour les chauffeurs routiers,
  • Formation d’accompagnement des garagistes à la transformation technologique des véhicules.

Cette liste, non exhaustive, témoigne du rôle de premier plan dévolu à la formation professionnelle pour le « verdissement » accéléré du monde de l’entreprise et offre du même coup des perspectives intéressantes pour les OF qui sauront se positionner à temps sur ce marché en pleine croissance. En effet, même s’il ne s’agit là que de propositions, on dénombre dans le rapport pas moins de 149 références à la formation professionnelle et la tendance est clairement à la création de nouveaux débouchés.

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