Conseils simples pour des apprenants plus concentrés !

Vos apprenants décrochent en milieu de journée ? Ils n’écoutent pas ou pas assez ? 

Ce n’est pas forcément de leur faute, ni de la vôtre. Ce défaut de concentration, observé par les sociologues à une très grande échelle, serait dû à l’excès d’informations que notre cerveau n’a pas le temps de traiter ni d’assimiler et qui nuirait à la fois à notre capacité à focaliser, à mémoriser et à prendre des décisions. 

Une utilisation moyenne de 12 heures de médias numériques par jour, des réunions occupant statistiquement 35% à 55% de nos journées de travail, un environnement marqué par le désordre visuel (mails non rangés, dizaines d’applications sur la page d’accueil de notre smartphone, etc.), une absence de sas de détente mentale : tout cela favoriserait une sorte de brouillard cognitif permanent incompatible avec toute espèce d’apprentissage. Pourquoi ? Parce qu’un esprit inattentif n’est plus réceptif ; qu’il réagit comme un terrain imperméable où rien ne pénètre. 

Sachant cela, comment pouvez-vous, humble formateur/formatrice, maintenir un niveau d’attention élevée au cours de vos sessions ? 

C’est précisément l’objet de cet article !

Méthodologie concrète

Contrairement à ce que l’on pourrait croire, la réduction du temps de formation (des anciennes sessions de 5 jours aux actuels webinaires d’une heure) ne permet pas de remédier au problème. Une formation sera toujours trop longue pour un apprenant inattentif. 

La solution est ailleurs.

1°) Créer votre bulle pédagogique

Le premier enjeu est de réussir à créer une bulle pédagogique. Autrement dit, un espace commun où les « notifications » du monde extérieur ne pénètrent plus. 

Pour commencer, le lieu choisi doit être calme et épuré, mais en même temps chaleureux. 

Pour réussir le mélange :

- Évitez le schéma classique d’une douzaine d’apprenants assis à une table en « U » autour d’un vidéoprojecteur. Un environnement moins formel permettra à chaque participant d’exprimer davantage son individualité et d’entrer par là même plus facilement en résonance avec votre contenu pédagogique. 

- Évitez autant que possible les groupes nombreux au sein desquels les interactions sont plus compliquées et moins efficaces, et où une forte implication individuelle n’est pas nécessairement requise ce qui a généralement pour effet de conforter la majorité dans l’inaction. 

- Limitez au maximum les sources de pollution visuelle (écran compris), en favorisant au contraire un affichage clair aux couleurs agréables. 

Cela étant dit, un « espace » n’est pas seulement un lieu matériel. C’est aussi un environnement perçu. Pour créer cet environnement, il faut introduire au démarrage de chaque session l’idée d’un contrat moral d’apprentissage liant également les apprenants et le formateur. Comment ? 

En posant tout d’abord à chaque participant des questions impliquantes sur ses attentes (quelles sont toutes ses questions sur le sujet abordé ? Que compte-t-il faire concrètement à l’issue de cette formation ?). 

En exposant dans un second temps les objectifs, enjeux et programme de votre formation de manière à les faire strictement coïncider avec les attentes exprimées. En corrélant les attentes et les objectifs, vous donnerez du sens aux apprentissages. Dans le cas où il vous serait impossible d’adapter votre contenu à une attente exprimée, vous devrez aider le participant concerné à reformuler afin d’inclure son souhait dans votre programme. 

Votre contrat moral pourra également intégrer des règles de vie comme le fait de mettre son portable sur le mode avion, par exemple, ou le fait d’arriver à l’heure…

Pa la suite, il vous sera plus facile de mobiliser l’attention du groupe, quitte à rappeler les clauses du contrat moral si celles-ci étaient enfreintes.

2°) Créer la surprise

Les neurosciences nous démontrent que notre cerveau est naturellement prédictif c’est-à-dire que, dans une situation donnée, il anticipe spontanément les scénarios possibles au vu de son expérience passée. Inscrit à une formation, le futur apprenant construit ainsi une projection mentale plus ou moins consciente de la manière dont cette formation va se dérouler sur la base des précédentes formations auxquelles il a participé.

L’attention étant une forme de la curiosité, votre principal défi consiste à surprendre vos apprenants en brisant le schéma classique (traduisez : tour de tables, post-it, power-point, mises en situation/évaluation). De fait, si votre formation ne se distingue en rien de cette projection prédictive, vous n’aurez que peu de chance de capter l’attention de vos apprenants.

Comment faire pour surprendre ? 

  • Utiliser la ludopédagogie qui intrigue et amuse (jeux de Thiagi, escape games, etc.), 
  • Employer à chaque reprise de courts réveils pédagogiques (warm-up, icebreaker) afin de replonger tous les participants dans la « bulle pédagogique » précédemment décrite, 
  • Appuyer votre discours sur le storytelling ou les chiffres chocs qui s’adressent aux émotions (plus facile si vous connaissez déjà votre « public » et les sujets susceptibles de l’intéresser),
  • « Choquer » vos apprenants en énonçant des vérités contre-intuitives (un paradoxe interpelle toujours plus qu’une lapalissade !)
  • Utiliser le « cliffhanger » hollywoodien ; cette méthode scénaristique employée dans les séries et qui consiste à vous tenir en haleine en créant délibérément un suspense de fin d’épisode. Avant la pause méridienne, par exemple, ou bien la veille d’une nouvelle journée de formation, tâchez de développer un peu de suspense autour de la prochaine activité ou la prochaine notion. Par exemple en racontant, sans autre explication, une anecdote sur la prochaine notion abordée. En proposant une devinette pour trouver le nom de l’activité suivante, etc.     
  • Employer l’humour ! Une étude anglaise prouve ainsi que la durée maximum de concentration est doublée lorsque le sujet réclamant de l’attention présente un caractère humoristique. 

3°) Créer un rythme de travail efficace

Une formation, comme un film, se doit d’être rythmée pour maintenir un niveau d’attention élevé. Selon le neurobiologiste John Medina, la capacité d’attention maximum d’un étudiant en cours est de 10 minutes (donc 20 minutes avec des blagues ;-)). 

Pour cette raison, il convient d’alterner fréquemment les activités (exposés, travaux en sous-groupes, travaux individuels), les supports (vidéo, image, discours, etc.) et les niveaux de difficulté, en soignant les transitions et en veillant de surcroît à ménager des pauses régulières. Pour faire simple, comptez une pause toutes les heures. 

Il ne s’agit pas en effet de provoquer du stress par un rythme endiablé et des chamboulements mal compris. Les pauses, en plus de recharger les batteries, offrent aussi l’avantage de donner du temps à chacun pour assimiler plus ou moins consciemment les notions travaillées. 

A noter qu’un exposé de 10 minutes ne veut pas dire que votre déroulé dure dix minutes. Il faut en effet prévoir dans ces 10 minutes un temps d’interaction (moyen efficace de soutenir l’attention du groupe). 

Il est bon à savoir que le créneau horaire sur lequel les participants sont le plus réactifs se situe le matin entre 9h30 et 11h30. 

Cela étant dit, toutes les heures sont bonnes pour apprendre si vous savez entretenir la concentration de vos apprenants. Un autre bon moyen consiste à stimuler la prise de notes. En fixant des challenges à vos participants comme de résumer à leur voisin la notion qui vient d’être exposée, de la mettre immédiatement en pratique, de dessiner une carte mentale, etc. Pourquoi ? Parce que la prise de notes favorise non seulement la mémorisation mais aussi la concentration en exigeant une écoute redoublée et une appropriation instantanée. Prendre des notes, c’est effectivement transcrire avec ses propres mots des éléments de la pensée d’autrui et, de cette façon, les faire nôtres.  

En conclusion, formateur ou formatrice, vous disposez d’un certain nombre d’outils pour booster la concentration de vos apprenants. Toutefois, il est bon de garder à l’esprit que c’est toujours l’apprenant, en fonction de ses aspirations et de son vécu personnels, qui entre en résonance avec les connaissances dispensées au cours de la formation. Autrement dit, la meilleure des méthodes d’animation n’est pas la garantie d’un transfert de compétences réussi ou total. Votre obligation de moyens vous impose cependant de mettre toutes les techniques en œuvre pour favoriser ce transfert, ce qui veut dire en l’occurrence : tester l’un après l’autre tous ces petits conseils !   

Voilà, il y aurait encore des choses à dire, mais je ne voudrais pas dépasser pour vous les 10 minutes de temps de lecture ;-))

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