L'e-learning sur l'étagère est le nom que l'on donne à un contenu pédagogique numérique conçu une fois pour toutes. Initialement développé pour former aux langues ou aux logiciels, l'e-learning sur l'étagère s'étend progressivement à de nombreux domaines de formation, y des domaines à forte dimension RH comme la gestion de crise ou le leadership.

Les chiffres révélés par l'enquête sénatoriale sont en effet alarmants puisque 14 millions de Français en 2020 n'ont pas d'ordinateur ou ne savent pas utiliser et autant ont une culture numérique très limitée!

Contrairement aux idées reçues, l'illectronisme n'est pas le seul fait des personnes âgées mais concerne l'ensemble des tranches d'âges, y compris les jeunes qui sont nés avec Internet. L'enquête dénombre ainsi 5 millions de salariés rencontrés des difficultés face au numérique.

Il découle de ces statistiques que la formation continue un rôle important à jouer dans la transmission des compétences numériques auprès des illectronés, pour leur permettre de faire face aux attentes du monde professionnel et de suivre la dématérialisation généralisée des services publics.

Toucher les illectronés

Toute la difficulté réside dans le fait que le public visé n'a matériellement pas accès au CPF…

La préconisation du Sénat est donc de déployer sur l’ensemble du territoire national à l’échelle intercommunale des médiateurs qualifiés afin d’accompagner les personnes concernées par l’illectronisme vers les formations d’inclusion numérique. Si de telles mesures voient le jour, et compte-tenu de l’ampleur du problème, les demandes de formation de base en informatique pourraient dépasser les demandes pour le permis de conduire (actuelle tête de gondole de l’application CPF) et générer une activité considérable pour les OF spécialisés.

Cette perspective mérite néanmoins d’être fortement nuancée puisque le Sénat envisage de recourir également à des « aidants », au statut de travailleurs sociaux, que le pass numérique, au centre de la lutte depuis l’été 2018, étant actuellement d’une valeur de 10 euros ne permet pas la rémunération cohérente d’un prestataire, et enfin que les salariés des TPE-PME, les commerçants/artisans et les auto-entrepreneurs, principales catégories de travailleurs concernées par l’illectronisme, demeurent le plus souvent exclues des dispositifs de formation…

Conscient de deux problèmes que constituent le montant insuffisant alloué au pass numérique et l’accès à la formation des travailleurs indépendants ou salariés des petites entreprises, le Sénat réclame un budget ambitieux …dans un moment difficile…

Problématique de financement

Comme toujours, l’or est le nerf de la guerre. Ainsi, le financement du projet soutenu par Jean-Marie Mizzon, président de la commission d’information sur le sujet, qui inclut 45 propositions autour de 7 axes (total : 1 milliard d’euros d’ici 2022), représente quatre fois la somme proposée par le gouvernement dans le cadre du plan de relance…

Un tel décalage est d’autant plus  critique que, selon un rapport de l’Igas, au cas où l’on formerait seulement 30% des illectronés, il en coûterait déjà 350 à 650 millions d’euros !

Pourtant, devant l’urgence et l’importance du problème, le Sénat ne baisse pas les bras et une fiscalité complémentaire sur les opérateurs a déjà été envisagée pour atteindre le somme requise (bien qu’aucune décision dans ce sens n’ait encore été prise).

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