Comment employer les apprentissages numériques dans la vie réelle ? Cette question assez vaste mérite selon nous d’être débattue à l’ère du « tout à distance », en particulier dans le cadre des apprentissages linguistiques qui visent par définition une application concrète et interactionnelle.
Le projet e-lang
Le projet e-lang, initié en 2016 par le Cadre Européen Commun de Référence pour les Langues (CECRL), se trouve être en 2020 d’une grande actualité puisqu’il a pour objet une « littératie numérique pour l’apprentissage des langues ». Cette « littératie », ou lettrure, consiste dans l’aptitude à comprendre et à utiliser l’information écrite dans la vie courante (à la maison, au travail, etc.) en vue d’atteindre des buts personnels et d'étendre ses connaissances et ses capacités. Cette aptitude suppose la localisation, la sélection et la condensation de l’information.
Ce qui est intéressant ici, c’est que la littératie est numérique et que le projet se pense donc comme un trait d’union entre le digital et la vie de tous les jours.
Une méthode concrète pour un savoir concret
La méthode, mise au point par une équipe de travail internationale, se veut d’emblée socio-interactionnelle. En effet, on n’apprend pas une nouvelle langue pour soi-même mais pour entrer en relation avec les autres.
La pédagogie n’est pas formelle ou didactique, mais au contraire actionnelle et concrète. Il s’agit par exemple, dans le cadre de l’exercice « wikivoyage », de rédiger à des fins de publication un descriptif de sa ville natale suivant une orientation touristique. A travers cet exercice, l’idée est de faire réfléchir l’apprenant sur la notion même de communication, à savoir que communiquer c’est communiquer pour quelqu’un. Ici, pour le wikitraveller qui, demain, lira le descriptif en ligne. L’apprenant est ainsi amené à s’interroger sur ce que ce wikitraveller recherche ; ce qui sera susceptible d’exciter son intérêt ou sa curiosité.
Il s’agit également de communiquer avec d’autres. Ainsi, la communication est pensée non seulement comme une finalité, mais également comme un outil. Les exercices proposés sont en effet collaboratifs ; mêlant volontairement des apprenants de langues et de cultures différentes.
Dans ce contexte, le numérique constitue logiquement une ressource puisqu’il permet à chaque apprenant de glaner des quantités d’informations (via Internet), qu’il met à sa disposition des moyens techniques pour mieux communiquer (images, podcasts, vidéos, etc.) et qu’il permet d’échanger avec d’autres apprenants aux quatre coins du globe.
La littératie est ainsi réellement numérique en ce sens que l’extension des connaissances et des capacités est rendue possible précisément par le recours au digital.