Contrairement aux restaurants qui ne pouvaient poursuivre leur activité pendant la crise sanitaire, les OF conservaient la possibilité de former des stagiaires à distance. Pourtant, une enquête menée à l’initiative du ministère du Travail par la Dares montre que près d’un OF sur deux a suspendu au moins partiellement son activité pendant toute la période.
Comment expliquer ce coup d’arrêt brutal ? Pourquoi cette traversée du désert dans un moment où le chômage partiel imposé par la situation dans un grand nombre d’entreprises rendait le besoin de formation encore plus prégnant ?
Un secteur mal préparé
En fait, et comme dans beaucoup d’autres secteurs, la crise du Coronavirus a révélé des lacunes technologiques, aussi bien chez les OF (absence de LMS, carences informatiques, inadéquation des supports ou des méthodes, etc.) que chez les apprenants (problème d’ordinateur ou de connexion, illectronisme, etc.). Au printemps 2020, l’e-learning et ses différentes déclinaisons (m-learning, adaptative learning, classe virtuelle, etc.) restait en effet minoritaire dans un secteur encore dominé par le présentiel cependant qu’un tiers des apprenants ne disposait pas des compétences numériques suffisantes pour suivre les parcours en ligne (notamment en Bretagne, Côte d’Azur et DOM-TOM).
La communication entre OF et apprenants a été compliquée en outre par le confinement.
De nouvelles orientations
Dans le monde d’après, les chiffres sont heureusement en passe d’évoluer. Ainsi, 51% des OF interrogés réclament aujourd’hui une aide au financement d’équipements pour transformer leur activité dans le cadre de la transition numérique. Le besoin principal concerne les LMS ou plateformes d’e-learning ; interface obligée pour toute formation à distance. 51%, c’est la part de ceux qui ne proposaient aucun contenu à distance avant le 16 mars. Désormais, 82% des OF ont basculé au moins un quart de leurs formations en e-learning.
De leur côté, après plusieurs mois de confinement et la nécessité pour beaucoup de poursuivre leurs fonctions en télétravail, les apprenants ont gagné en compétences numériques, notamment sur les outils synchrones de webconférences.
Attention, pourtant : le distanciel est un mode de formation à la méthodologie propre qui nécessite de repenser la pédagogie, les séquences d’apprentissage et les modalités d’évaluation. Il nécessite également une ingénierie pédagogique qui fait encore défaut à beaucoup.
D’ailleurs, la formation à distance (« e-learning » ou « digital learning ») ne saurait remplacer tout à fait le présentiel puisque, d’une part, les apprenants continuent à plébisciter le format traditionnel, et que, de l’autre, un quart environ des actions de formation menées en France nécessite des éléments physiques tels que des plateaux techniques qui ne peuvent être dématérialisés.