Halte à l’improvisation

Le choix mondial de répondre à la crise sanitaire par la stratégie du confinement a entraîné une mutation sans précédent de l’activité économique. À la transition, qui évoque une évolution progressive et ordonnée, a succédé l’urgence et un déploiement tous azimuts de la digitalisation.

92 % des CFA ont déployé une solution de formation à distance, 150 formations distancielles gratuites lancées depuis le site du Pôle emploi, + 41% de sessions de formation à distance sur « MonCompteFormation » : le tout en quelques semaines à peine ! Pourtant, après avoir déployé le télétravail en un temps record et s’être efforcés d’assurer la continuité pédagogique, l’heure est maintenant venue pour les acteurs nouvellement engagés dans la formation à distance de professionnaliser leur pratique. 

Le Forum des acteurs de la formation digitale (Fffod), pionnier dans le domaine puisqu’il promeut l’e-learning depuis 1995, souligne ainsi l’importance de ne pas surfer plus longtemps sur la vague de l’improvisation mais de repenser les formations actuellement proposées pour les adapter aux exigences et aux spécificités du distanciel.  

En effet, une formation à distance n’est pas la transposition en ligne de contenus présentiels mais suppose une véritable ré-ingénierie pédagogique de parcours. Elle doit notamment intégrer un accompagnement effectif des stagiaires conformément à la loi du 5 septembre 2018 relative à la liberté de choisir son avenir professionnel. De plus, les outils du web grand public ne sauraient satisfaire durablement aux besoins spécifiques de la formation en ligne et une généralisation des plateformes d’apprentissage s’impose.

Nouvelles perspectives

Le ministère du Travail a alloué une enveloppe de 500 millions d’euros au FNE-Formation pour inciter les employeurs à former les salariés placés en chômage partiel, ouvrant de larges possibilités aux OF qui ont pu ou su s’adapter à la nouvelle donne.

Cette nouvelle donne, Bruno Sola, porteur du concept « formation nouvelle génération », la résume ainsi : davantage d’individualisation, des formations plus adaptatives, une intégration du digital dans un mix de pratiques à la fois éprouvées et innovantes. Cette dernière notion est importante. En effet, Samia Ghozlane, directrice de la Grande École du Numérique, insiste  sur la nécessité de mixer les situations d’apprentissage en conservant une bonne dose de présentiel. « La diversité des situations d’apprentissage — que ce soit le présentiel, le distanciel, le digital ou la formation en situation de travail –, est extrêmement importante : l’avenir, c’est l’hybridation, avec des degrés plus ou moins importants de telle ou telle approche pédagogique en fonction des publics et de ce que l’on recherche. »

Il s’agit donc d’aller plus loin que le digital et pour cela, poursuivre l’innovation. La nouvelle chaire d’innovation de l’Université de Savoie, la plateforme Funnl (sorte de boîte à idées intelligente), marquent la volonté d’aller de l’avant dans un secteur devenu l’un des piliers de la relance économique post-Covid.

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