Contexte
Le constat en France est aujourd’hui le suivant :
- la formation initiale est globalement en décalage avec les attentes spécifiques du monde du travail comme en témoigne la mauvaise image dont souffre toujours les filières professionnelles,
- 85% des actifs français n’ont pas envie de se former ou ne voient pas l’intérêt de le faire,
- les entreprises rechignent à investir dans la formation de leurs collaborateurs parce qu’elles craignent de les voir démissionner avant d’avoir pu bénéficier d’un retour sur investissement,
- l’apprentissage est menacé par la crise,
- l’employabilité des chômeurs de longue durée est de plus en plus problématique dans un monde en perpétuelle mutation,
et cependant la situation actuelle impose de nouvelles compétences pour relever les défis de la récession, de la numérisation, de la généralisation du télétravail, de la robotisation et de la mondialisation !
La question des compétences est en effet celle de la compétitivité et donc de la survie à terme des entreprises françaises engagées aujourd’hui dans la plus grave crise économique depuis la grande dépression.
Que faire ?
Lutte contre le « gâchis de compétences »
Il s’agit en premier lieu de remédier au « gâchis de compétences » dénoncé par le Sénat, qui consiste à laisser inemployées les qualités professionnelles des jeunes générations et des seniors.
Il y a besoin de tous les bras pour reconstruire le monde d’après et il n’est pas acceptable que l’on dénombre chaque année 100 000 NEET (jeunes ni étudiants, ni employés, ni stagiaires) ni que des seniors, qui seraient de formidables transmetteurs de savoir-faire, restent durablement exclus du monde professionnel.
Pour cela, il faut tout d’abord créer des ponts entre monde scolaire et monde professionnel en imposant pour tous les prescripteurs d’orientation de l’Education Nationale des immersions en entreprises. Veiller également à faire correspondre l’offre d’enseignement avec les besoins économiques en réorientant notamment les professeurs de métiers en crise vers des métiers en croissance ou en créant des outils de contextualisation des diplômes (informations sur le niveau de salaire, le taux d’emploi, etc.). Soutenir, enfin, la filière d’apprentissage, qui constitue un précieux outil de préservation du savoir-faire de nos territoires.
Il faut également organiser la transmission intergénérationnelle des savoir-faire, notamment à destination des NEET, afin de renforcer en même temps l’employabilité des seniors et des jeunes.
Agir en profondeur sur les mentalités
Pour atteindre les objectifs ambitieux imposés par la crise, il faut modifier notre manière de voir, à savoir :
- recréer un climat de confiance entre les entreprises et le Pôle Emploi en renforçant notamment les démarches pro-actives de ses conseillers en direction des employeurs,
- revoir la place des filières professionnalisantes,
- sensibiliser les entreprises à valoriser la motivation d’un candidat en misant sur la formation continue pour l’amener progressivement au niveau de compétences requis plutôt que de rechercher (parfois en vain) une personne entièrement qualifiée,
- sensibiliser les rechercheurs d’emploi sur l’obsolescence naturelle de leurs anciennes compétences et l’importance de préserver leur employabilité par la formation professionnelle,
- envisager la possibilité de se reconvertir pour coller aux nouveaux besoins,
- envisager le télétravail comme un mode d’organisation durable.
Pour accomplir ces transformations, il faut un système de formation rapide et pragmatique. Les métiers évoluant rapidement, les procédures de certification et de financement doivent être également accélérées.
Sur le plan administratif, il faut un seul pilote pour coordonner l’ensemble des mesures. La région semble l’échelon le plus compétent pour assumer cette mission du fait de sa fine connaissance du tissu économique local et c’est logiquement à elle qu’il revient de mener cette vaste campagne.
Aller plus loin
Sénat Facebook Watch - Rapport sur les difficultés de recrutement des entreprises
senat.fr - Rapport d'information : Des compétences de toute urgence pour l'emploi et les entreprises